Last Exit to Brooklyn de Hubert Selby Jr
« Le temps passait – des mois, des années peut-être même, qui sait, et la robe était usée, il lui restait une jupe et un tricot minables et les bars de Broadway étaient devenus les bars de la 8ème avenue, mais bientôt ces boîtes avec leurs putains, leurs souteneurs, leurs pédés, leurs tapettes, leurs fanfarons la mirent à la porte, puis le linoléum par terre se changeant en simples planches, puis ces planches furent recouvertes de sciures, et elle passait des heures avec une bière dans un boui-boui sur les quais, gueulant et injuriant tous ces fils de pute qui la baisaient et elle partait avec tous ceux qui la regardaient ou bien avaient un endroit où crécher. »
Si je vous dis que la parution de ce roman en 1964 a eu pour effet un procès pour obscénité, vous aurez envie de le lire ? Loin de moi l’idée de faire du racolage, évidemment…
Last exit to Brooklyn est un livre qui vous frappe d’un coup et que vous ne pourrez plus chasser de votre esprit… soit une suite de nouvelles sur les paumés, les oubliés, les cas sociaux de Brooklyn… Dans un monde régi par le sexe, tout n’est que violence. Autour de Chez le Grec, café pathétique et sans intérêt, mais juste lieu où passer le temps, un microcosme de personnages désoeuvrés s’entrecroise et sombre inéluctablement dans la misère et la solitude. Ces personnages désabusés n’ont pas de but et ils en crèvent. Un roman choquant, un style sans respiration, un flot de paroles qui s’enchaîne et qui nous traduit une descente aux enfers. (lire par exemple le chapitre Tralala, où le pathétique à son paroxysme laisse un goût amer…)