Mariée par correspondance de Mark Kalesniko, Ed. Paquet, Coll. Ink (bande dessinée)
Monty, vieux garçon canadien, a commandé une femme. Comme le vante l’annonce, elle devrait être « typiquement asiatique » : discrète, loyale, obéissante, une fille simple en somme. Mais Kyung la Coréenne, par son mariage avec Monty, est bien décidée à devenir une vraie Canadienne et ne cultive pas le fantasme de la geisha soumise. C’est ainsi que leur mariage ne satisfait ni l’un ni l’autre : Kyung réalise qu’elle s’est unie à un gamin coincé dans un corps de puceau de 38 ans tandis que Monty désespère devant sa poupée chinoise (« je suis coréenne ») beaucoup trop occidentale à son goût. La lutte s’intensifie entre les époux lorsque Kyung s’émancipe par la découverte d’une école d’art dans la vieille ville.
Une belle histoire sur les apparences ( Monty est-il si lâche que ça ? Kyung ‘Kopjangi’ si assurée ? Sa nouvelle amie Eve Wong est-elle si libérée ? ) mais aussi sur les sacrifices au nom de l’amour, et une problématique essentielle : l’Art permet-il de se dépasser ?
Kalesniko possède un trait assuré et expressif, et dote son récit de dialogues très justes. Un style très cinématographique, très rythmé : ainsi la trame est régulièrement coupé de passage de danse, reflétant les émotions de Kyung. Une œuvre forte et une phrase à méditer : « Trouve toi une passion et jette toi dedans. Alors aucun homme ne pourra te blesser. ».