Génération 69 de L. Guimier et N. Charbonneau, éd. Michalon

Voici un livre qui offre un constat plutôt déprimant, soit une société où tous les privilèges seraient réservés à la génération précédente. Il est vrai qu’on peut se demander si on est nés dans la bonne tranche quand nos parents nous parlent de mai 68, de sexe libre, de bonne musique et qu’on leur répond par chômage, précarité, inflation, sida, variété-star ac’. Et encore, les auteurs auraient certainement été plus mordants encore au vu du CPE, dont il n’était pas encore question au moment de la sortie du livre.

Même si les arguments sont parfois un peu caricaturaux, on prend plaisir à s’apitoyer sur ces trentenaires défavorisés par une génération qui refuse de vieillir sous prétexte d’avoir fait Mai 68. L’écriture est quelque peu légère mais certains passages valent le détour, comme celui sur les ‘fils de’, derniers nantis du système.

Un extrait pour donner une idée du ton du pamphlet :

«  Alors à l’école, on ne rigole pas tous les jours. On travaille dur parce que les maîtresses nous parlent du chômage. Sans le brevet des collèges, on ne s’en sortira pas. Sans le bac, on n’ira pas loin les enfants ! Les trentenaires, ces maudits enfants sages, ont répondu à l’appel. Les trois quarts d’entre eux ont le niveau Bac. Le nombre de Bac +

2 a

été multiplié par 7 en 30 ans. La jeunesse décérébrée par des années de mercredis après-midi à regarder Dorothée ne s’en sort pas si mal ! De quoi déculpabiliser, à force d’entendre à longueur de temps que le niveau baisse et qu’après tout, rien ne vaut le bon vieux certif’ ! M6 a d’ailleurs pressenti les gamins du Pensionnat de Chavagnes comme les héritiers de l’époque bénie où l’école  servait encore à quelque chose… Et où 1 % des jeunes passaient le Bac ! »