Le journal de Carmilla de Lorris Murail, dessin Laurel. Ed. Vents d’Ouest (2006)

Carmilla, 13 ans, complote avec son petit génie de sœur, Mina, pour empêcher leurs parents d’avoir un troisième enfant, qui serait à coup sûr, horreur, un garçon ! Et puis il y a les copines Jenny, Angélique et Steffy, avec qui elle forme le Tagadas’ Club, le collège, et le beau Jonathan, un peu trop fan du PSG…

J’avais perdu l’habitude de lire des bandes dessinées où le dessinateur n’est pas son propre scénariste… et pour cause.

Ici, rendez-vous raté pour le 1^er album de Laurel… la faute à qui ? Au scénariste L. Murail qui a pris soin de trouver de réelles identités aux personnages mais a signé un scénario très léger. Les incohérences reposent surtout sur les trop grandes ellipses de temps qui, du coup, empêchent les transitions : par exemple, comment Carmilla se retrouve-t-elle tout à coup à aller au cinéma avec Jonathan ? Il aurait peut-être été plus intéressant de traiter ça de manière plus introspective (c’est le propre du journal intime en principe, mais il est ici beaucoup trop superficiel !) comme dans Lou !. Les pleines pages régulières trahissent ce manque d’idées et de plus gênent considérablement la narration !

En ce qui concerne le graphisme, le dessin très soigné et tout en rondeur de Laurel est plutôt bien adapté à une série jeunesse. Elle prouve en outre son talent de coloriste par les couleurs vives, acidulées.

Pour mieux profiter de la lecture du Journal de Carmilla, je pense qu’il ne faut pas lire le blog si populaire de la demoiselle. Il y a en effet trop de références à sa vie personnelle qu’on connaît par le biais du blog… Je ne sais pas si les autres dessinateurs mettent autant de clin d’œil dans leurs œuvres, mais ici le moindre objet renvoie à quelque chose et on finit par faire davantage la chasse aux références que lire réellement l’album… Je n’ai pas le courage de vous les énumérer toutes (je me suis pourtant bien amusée à les décoder…), mais on peut trouver par exemple des tonnes de cerises (en référence à sa fille), des tonnes de crabe (en référence à son ex) et dans le désordre Colonel Moutarde, Lewis Trondheim, Lindingre, Poipoipanda, Larcenet, Gally, Capucine, Frodon…

Le bon point, les pages de garde vraiment superbes, il s’agit de portraits de Carmilla par d’autres dessinateurs (souvent bloggeurs… !) On retient par exemple le superbe dessin de l’illustratrice Colonel Moutarde.

En conclusion, pour une jeune fille on préférera Lou ! de J. Neel ou encore les Nombrils de Delaf et Dubuc.

Et pour ce qui est de Laurel, on la jugera plutôt sur ses interventions antérieures dans le 33, rue Carambole, paru dans Spirou et on verra ici, au mieux, un book d’illustratrice.