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Pâte d'Amande
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11 juin 2007

Chagrin dans le ciel de Lee Youn-Bok et Lee Hee-Jae, ed. Casterman (juin 2007)

9782203377172

Le graphisme époustouflant de ce manhwa m’a poussée à me jeter dessus. Le dessin est vraiment magnifique, stylé, personnel, rehaussé à l’aquarelle dans des camaïeux ocres-bruns, qui nous change du manga léché et académique des Japonais.

Il s’agit d’une adaptation graphique du livre du même nom, le journal intime de Youn-Bok, une sorte de Rémi sans famille autobiographique qui aurait ému toute la Corée. Il nous est donc présenté comme un ouvrage d’un phénomène énorme, mais il s’avère que ce manhwa est particulièrement mal adapté.

Le temps n’est pas pris pour installer le décor –la Corée du Sud des années 60– ni les personnages. Le livre est découpé en chapitres qui relatent une anecdote : comment Youn-Bok rencontre le professeur qui le rendra célèbre, comment il tente de vendre des chewing-gums dans les restaurants, etc. Les anecdotes sont elliptiques, on n’arrive pas à faire le lien des unes avec les autres, ni savoir si elles sont chronologiques. Résultat, on se fiche un peu du destin de ce garçon qui semble faire toujours la même chose (vendre des chewing-gums, garder des chèvres et ainsi de suite), et qui laisse donc une impression de déjà vu au fil des pages. On comprend bien sûr la détresse, le père malade, le garçonnet de 6 ans qui se débrouille pour faire manger la famille entière, mais on n’a pas le temps de s’attacher à ce petit garçon comme on peut le faire dans Gen d’ Hiroshima. Et le happy end arrive comme un cheveu sur la soupe, avec l’impression de ne rien avoir appris sur cette famille. Le journal de Youn-Bok est peut-être si célèbre en Corée qu’ils ont pu se permettre de s’attarder sur des détails ; mais pour quelqu’un qui n’est pas initié, c’est vite ennuyeux et pathétique.

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Commentaires
A
bonsoir,<br /> la remarque sur votre "jeunesse et ignorance" se voulait elle aussi ironique, excusez moi,en mon nom et celui de mes collègues, je ne voulais en aucun cas me montrer agressif envers vous, mais en tant que libraire de bandes dessinées, j'ai du mal à rester placide quand on "descend" un titre qui aura du mal à trouver son public, car surement trop loin des habitudes du lectorat français.<br /> l'émotion existe dans cette bd, je ne suis pas d'accord avec vous, elle est juste décrite d'une manière trés coréenne, et j'avais bien compris votre propos, et persiste en disant que le ressenti culturel coréen vous est peut être inconnu?<br /> laurent de la librairie apo(k)lyps
P
Bonjour, et merci pour votre commentaire.<br /> Mon avis à propos de ce mahwa est bien sûr subjectif et n'engage que moi.<br /> Je n'ai pas "détruit" ce livre puisque j'y trouve des qualités, néanmoins comme je l'expliquais, il m'est apparu comme trop distant pour que je rentre réellement dans l'histoire. La clarté est là, mais pas l'émotion, or je recherche ces deux éléments à la lecture. <br /> J'ai en outre oublié de préciser que j'avais beaucoup apprécié la dernière partie de l'ouvrage, lorsque le dessinateur évoque sa propre découverte du livre de Youn-Bok.<br /> <br /> Je le répète, tout avis est néanmoins subjectif.<br /> <br /> Quant à me renvoyer "ma jeunesse et mon ignorance" (même si au vu du nombre de critiques de BD sur ce blog, je crois avoir qqs connaissances) à la figure, je trouve cela un tantinet agressif, étant donné que ma réflexion était argumentée.<br /> <br /> En ce qui concerne "Rémi sans famille", c'était ironique.<br /> <br /> Merci pour le débat constructif suscité, cela m'engagera sans doute à faire des critiques plus nuancées même si je crois qu'un avis tranché est parfois bénéfique. Mais cela est sans doute dû à ma jeunesse...<br /> <br /> Au plaisir.
A
contrairement à vous , j'ai trouvé cette lecture enrichissante et constructive, peut etre votre propre jeunesse et ignorance vous à empecher de sentir la justesse du trait et du récit mais ce manwha laisse planer la profondeur que doit avoir une tranche de vie réaliste et sociale.<br /> inutile de connaitre le texte originel pour ressentir le désaroi de cet enfant condamné à etre l'adulte de la famille, remplaçant ce pere impotant, qui finira par prendre exemple sur son fils plutot que de continuer à se laisser aller, qui présupose d'ailleurs l'absence de la mere.<br /> un enfant qui lui aussi pourrait n'accepter que le role d'enfant( comme son frere) mais que l'amour d'autrui et la morale (sans doute confucianiste)pousse à relever la tete.<br /> Ces tranches de vie forment une parfaite ellipse( et c'est comme cela que fonctionne une bd, ne vous déplaise)sur le parcours initiatique de youn bok, laissant au lecteur le choix d'imaginer le désaroi du personnage.<br /> Nous sommes loin de rémi, le sentiment du narrateur n'est jamais celui d'une victime, au contraire la honte le submerge quand les autres prennent conscience de sa condition, il est face à son destin et l'assume tant bien que mal, mais jamais ne le renie ni le rejette.<br /> Son but n'est pas de verser dans le mélodrame, mais au contraire dans la joie de l'amour de ses proches et de la solidarité de la communauté.<br /> ce texte est remarquable, et sans doute un des meilleurs dessin possible pour cet histoire, à la fois pauvre, épuré , mais profond.<br /> l'équipe de la librairie apo(k)lyps (paris)
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