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Pâte d'Amande
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10 novembre 2006

L’Ascension du Haut Mal de David B. éd. L’Association, coll. Eperluette, 6 tomes. (1997-2003)

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Alph Art du meilleur scénario (Festival d'Angoulême 2000).

Les années 60. Une famille orléanaise comblée avec leurs trois enfants. Jusqu’à ce que Jean-Christophe, l’aîné, contracte l’épilepsie, qu’on appelait Haut Mal au Moyen Age. Au fil des ans, Tito (c’est son surnom) se laisse engouffrer par la maladie et entraîne les siens dans sa déchéance physique et mentale.

C’est une sorte de descente aux enfers ou bien, dirons-nous pour reprendre l’image de l’auteur, la lente ascension douloureuse du Haut Mal.

Les parents tentent de trouver un remède coûte que coûte, de la macrobiotique aux médecins voyant en Tito le cobaye du siècle, sciences occultes diverses, et même lettres aux écrivains…  Au fil des années se succèderont charlatans et autres illuminés, laissant la famille voguer de désillusion en désillusion… Bien sûr il faut tester toutes les solutions, peut-être qu’une livrera le remède, et garder la foi de se battre année après année.

Pierre-François, le cadet, l’auteur, en souffrira tellement, veut tellement changer de vie qu’il ira jusqu’à troquer son prénom contre celui de David, qu’il porte toujours.

Pendant son enfance, puis son adolescence « David » montre comment la maladie de son frère l’a affecté, lui et toute sa famille (le père devient rosicrucien!!). Lui ne se tourne pas comme ses parents vers une tierce personne mais se réfugie dans son imagination et dans ses dessins dont la production devient prolifique. Il dessine d’abord des batailles, l’armée de Gengis Khan dont il est admiratif, puis des personnages anthropomorphes aux longs manteaux noirs, plutôt morbides. Il croit se détacher ainsi de son frère, se protéger contre la maladie, ne pas être concerné, mais ses rêves (les vrais) le rattrapent.

Il s’agit d’un récit brut, et c’est sûrement violent pour David B. d’exposer ainsi la réalité nue : les crises de son frère en public sont humiliantes, il lui prend des idées violentes comme son admiration pour les dictateurs, l’agressivité (et même les agressions) envers sa propre famille. Il dévoile même la pensée violente mais récurrente de tuer son frère, pour refermer les plaies après toutes ces années. En somme, la douleur de n’avoir aucun autre choix que de regarder Jean-Christophe s’enfoncer dans sa maladie.

Que de dessins oniriques, de personnifications (la maladie en dragon malveillant…), d’amis imaginaires. La dureté du dessin, sec, cassant, se fait écho de la dureté des scènes. Le dessin en noir et blanc est sombre, symbolique, très angoissant, L’Ascension du Haut-Mal semble être la clé de toute l’œuvre du célèbre cofondateur de l’Association, David B. On sent pour lui dans ce long récit le besoin d’exorciser, de se libérer, comme on pouvait le voir dans Romain de Mélaka. Indispensable dans la bande dessinée autobiographique, au même titre que Maus ou Persepolis.

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